Dante et Béatrice s’élèvent jusqu’à la quatrième sphère céleste. La lumière émise par l’âme de Béatrice est si forte que le poète ne trouve pas de mots pour la décrire. Les âmes des bienheureux inspirés de sagesse qui se trouvent dans cette sphère brillent tout autant.
Les esprits se disposent, dansant et chantant, sur trois couronnes concentriques autour de Dante et Béatrice. Du premier cercle se révèle la voix de saint Thomas d’Aquin. Théologien et frère dominicain, il fait la louange de saint François d’Assise et de l’ordre des frères mineurs franciscains.
Dante et Béatrice dans le ciel du Soleil, avec saint Thomas et saint Bonaventure en haut, les ordres mendiants et le pape en bas - Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 40.7, f. 182r.
EXTRAIT DE LA COMÉDIE : Pd. 10, 64-69
Dans un jeu de symétrie, de la deuxième couronne sort l’âme de saint Bonaventure de Bagnoregio, frère franciscain. Il prononce le panégyrique de saint Dominique, fondateur de l’ordre des frères dominicains.
Saint Thomas explique à Dante que la Providence divine a envoyé deux champions de la foi pour aider l’Église : saint François et saint Dominique. Ceux-ci ont été les créateurs des ordres religieux dits mendiants, fondés sur l’idéal de pauvreté et de renonciation à la possession de biens matériels. Thomas et Bonaventure ne peuvent alors que blâmer la corruption et l’avidité qui dominent à l’époque au sein des deux communautés religieuses : les héritiers de Dominique et François ont oublié les bonnes résolutions de leurs maitres.
Frontispice du premier de sept volumes d’un dictionnaire rédigé à partir des œuvres de Dante, avec des références à la Somme théologique, traité composé par saint Thomas d’Aquin - Giacomo Poletto, Dizionario dantesco di quanti si contiene nelle opere di Dante Allighieri, con richiami alla Somma Teologica di S. Tommaso d’Aquino, Sienne, Bernardino, 1885-1887. Université de Montréal, Bibliothèque des livres rares et collections spéciales, PQ 4464 P765.
Au centre des trois cercles de bienheureux, Béatrice lit deux questions dans la pensée de Dante et se charge de les poser aux esprits inspirés de sagesse. Qu’adviendra-t-il de la lumière émise par les âmes des bienheureux quand, le jour du Jugement dernier, elles seront réunies à leurs corps? Et si la lumière reste telle qu’elle est, comment les sens de ces corps pourront-ils soutenir une telle vue? C’est l’âme de Salomon qui répond, la plus claire du premier cercle. Il explique que les âmes réunies aux corps atteindront le plus haut degré de perfection, donc aussi de splendeur. À ce moment-là, les sens des bienheureux seront eux-mêmes parfaits et donc capables de soutenir la vue d’un tel éclat.